La prière sur le Prophète comporte à la fois le «  salat  » (invocation de bénédiction) et le «  salam  » (invocation de paix).
«  Salat  » signifie théophanie (tajalli). La «  salat  » survient lorsque Allah se manifeste sur l’un de Ses serviteurs en faisant de lui Son élu, et en le faisant entrer dans Sa présence (hadra). Quant au «  salam  », venant de la part d’Allah sur Ses serviteurs, il signifie la stabilité dans cette théophanie, la capacité de l’intégrer. Ainsi, l’homme ne doit pas demander à Allah la «  salat  » seule, mais il doit ajouter le «  salam  ».
Il arrive du reste qu’Allah accomplisse la théophanie propre à la salat sur un certain nombre de Ses adorateurs, et qu’Il diffère la grâce pacifique du «  salam  »  : alors, l’acte théophanique peut se tourner contre eux, en les amenant à proférer des exclamations et à divulguer des enseignements devant des gens qui ne sont pas qualifiés pour les recevoir.
Mais il y a des saints sur qui Allah fait suivre la «  salat  » du «  salam  »  : alors, leur comportement devient normal, et leur rapport extérieur avec les créatures et leur rapport intérieur avec Dieu s’harmonisent, en alliant les 2 dimensions respectives  : ceux là sont les héritiers des prophètes  ; c’est en effet une prérogative des prophètes que la grâce pacifique de Dieu descende sur eux en même temps que la grâce théophanique, ou immédiatement après celle-ci.
Dans l’ouvrage «  Paroles d’or  », le Sheykh Abde Aziz ad Dabbagh, Pôle de son temps, explique que la prière sur l’Envoyé de Dieu (PSL) constitue le dhikr des anges qui se trouvent au bord du Paradis. Chaque fois que les anges font cette prière, la superficie du Paradis augmente. Les anges concernés ne cessent pas d’en faire mention, et le Paradis ne finit pas de s’étendre. La même chose se produit si la prière sur le Prophète émane d’un être pur au cœur pur.
Ibn al Moubarak, auteur de «  Paroles d’or  », demande à son Sheykh Abdel Aziz ed Dabbagh «  pourquoi la superficie du Paradis augmente à chaque fois que l’on prie sur le Prophète (PSL)  ?  ». «  C’est parce que le Paradis, Dieu l’a créé à l’origine d’une lumière émanant de Son Envoyé. Ainsi le Paradis soupire après lui avec autant de désir ardent et de tendresse qu’éprouve le fils envers son père. Lorsqu’il entend quelqu’un mentionner son nom, il se revivifie et tend à se rapprocher de lui, parce que c’est du Prophète (PSL) que Dieu l’abreuve. Aussi, les anges qui vivent aux abords du Paradis et de ses portes passent leur temps à mentionner le Prophète (PSL)  . Alors, le Paradis s’attendrit et se rapproche d’eux de tous les côtés. Dès lors, sa superficie prend de l’ampleur partout.  »

2. Les grâces attachées à la prière sur le Prophète

Il existe de nombreux hadiths où le Prophète (PSL) éclaire les fidèles sur les effets bénéfiques pour eux de cette invocation  :
a. Les bénédictions en retour
-«  Invoquez la grâce sur moi, car votre invocation est une aumône en votre faveur  ».
-«  Celui qui invoquera une seule fois la grâce divine en ma faveur, Dieu lui accordera de fait dix fois Sa grâce  » (Muslim)
-«  Invoquez la grâce divine en ma faveur, Dieu vous accordera Sa grâce  »
-Abou Talha raconte  : «  J’ai rendu visite à l’Envoyé de Dieu (PSL). Il était gagné par une joie sans pareille. Je lui ai demandé la raison de son état. Il m’a répondu  : «  Jibril m’est apparu et m’a apporté une bonne nouvelle de mon Seigneur  : «  Dieu, me dit il, m’a envoyé à toi pour t’annoncer que quiconque de ta communauté priera sur toi, Dieu priera sur lui dix fois, et Ses anges aussi  ».
b. Le moyen de se rapprocher de Dieu
«  Celui qui aura sa place la plus rapprochée de moi au jour de la Résurrection, ce sera celui qui aura appelé le plus souvent sur moi les bénédictions divines  »
c. Facilitation des choses, exaucement
-«  Une prière faite après qu’on a appelé sur moi les bénédictions divines n’est pas repoussée  »
-«  Une demande adressée à Dieu entre 2 prières sur le Prophète n’est pas repoussée  »
-«  Celui qui éprouve des difficultés à accomplir ce qui lui est nécessaire, qu’il invoque abondamment la grâce divine en ma faveur. En effet, cette invocation élimine les soucis, les embarras et les afflictions, elle accroit les subsistances et satisfait les besoins  ».
-«  Celui qui est mis en difficulté par quelque chose, qu’il invoque abondamment la grâce divine en ma faveur  ; car celle-ci délie les nœuds et élimine l’angoisse  ».
-‘Umar Ibn el Khattab a dit  : «  J’ai appris que l’invocation (dou’a, supplication) reste suspendue entre le Ciel et la terre. Rien de ce qu’elle contient ne monte avant que son auteur ne prie sur le Prophète (PSL)  ».
d. Moyen de purification
-«  Priez Dieu de répandre sur moi Ses grâces, car cette prière en ma faveur, de votre part, est pour vous une purification  ».
-«  La prière sur moi anéantit les fautes plus que ne le ferait l’eau contre le feu  »
-«  Celui qui prie sur moi purifiera son cœur de l’hypocrisie, de la même manière que l’eau purifie le linge  ».

3. La salat Ibrahimiya

a. Son origine
Nous relevons dans la plupart des exégèses du Coran et dans les recueils de hadith que ‘Abder Rahman Ibn Abi Layla rencontra Ibn ‘Ajrata et lui dit  : «  Je vais t’offrir un cadeau que j’ai appris de l’Envoyé de Dieu(PSL). D’accord, offre le moi, lui répondis je.
Et il continua  : «  Lorsque le verset «  Dieu et Ses anges prient sur le Prophète….  » a été révélé, nous avons demandé à l’Envoyé de Dieu (PSL)  : «  Nous savons comment nous devons t’adresser les salutations, mais comment allons nous prier sur toi  ?  ». Il répondit  : «  Dites  : Seigneur prie sur Mohammed et sur la famille de Mohammed, comme tu as prié sur Ibrahim et la famille d’Ibrahim. Bénis Mohammed et la famille de Mohammed comme tu as bénis Ibrahim et la famille d’Ibrahim. Tu es digne d’éloges, le Glorieux Suprême  ».
Cette invocation est considérée comme la plus parfaite formulation parmi toutes les autres invocations de la grâce divine en faveur du Prophète (PSL).Voilà pourquoi elle a été réservée à la prière rituelle dans le tachaoud final.
On peut notamment relever un secret dans le fait qu’il est dit  : «  Comme tu as prié sur Ibrahim et comme tu as béni Ibrahim, et non par exemple  : «  comme tu as prié sur Moise  »….parce que Dieu s’était manifesté à ce dernier sous Son attribut de Majesté, cela l’a fait tomber foudroyé. Tandis que Dieu s’est manifesté à l’ami qu’était Ibrahim par Son attribut de Beauté. C’est la raison pour laquelle l’Envoyé de Dieu (PSL) a ordonné aux croyants de prier sur lui de la même manière que Dieu a prié sur Ibrahim, demandant ainsi à Dieu de Se manifester à lui par Ses attributs de Beauté.
On a dit aussi dans le même sens que le sens de la référence à Ibrahim et aux membres croyants de sa famille vient du fait qu’Ibrahim et sa famille sont les seuls pour qui Dieu a réuni la Bénédiction et la Miséricorde. C’est ce que confirme le verset de la sourate de Hud  : «  Que la Miséricorde d’Allah et Ses bénédictions soient sur vous, gens de cette maison  ! Il est vraiment Digne de louange et de glorification (11, 73)  ».
Dieu se manifeste donc par Sa Beauté à l’un et à l’autre Prophète, en fonction de leur position respective par rapport à Lui, à leur rang et à leur place, bien qu’Il Se soit manifesté à l’un et à l’autre par le même Attribut.
Et Dieu est plus Savant.