La prière sur le Prophète est prescrite pour tout croyant, par le verset suivant : « Dieu et Ses anges bénissent le Prophète : O vous les croyants, appelez sur lui des bénédictions et présentez lui le salut » (Coran, 23 ;56).
Elle est notamment pratiquée lors de chaque prière rituelle, ainsi que lors des invocations individuelles et collectives dans les voies soufies.
L’Envoyé de Dieu nous enseigne que la première lumière créée fut celle du Prophète Mohammed (PSL), ainsi que cela résulte du hadith suivant qui nous décrit le processus de la création : « Jabir Ibn Abd Allah dit : « O Envoyé de Dieu, par ma mère et mon père, informe moi sur la première chose créée par Dieu, avant toute chose ».
Le Prophète répondit : O Jabir, Dieu (exalté soit il) a créé avant toute chose la lumière de ton Prophète de Sa propre lumière, puis il fit que cette lumière tournât par la Toute-Puissance de Dieu là où Dieu voulut. Il n’y avait en ce moment ni Table, ni Plume, ni Paradis, ni Enfer, ni ange, ni ciel, ni terre, ni soleil, ni lune, ni djinn, ni humain.
Quand Dieu voulut manifester la création, il divisa cette lumière en 4 parties, puis Il créa de la première partie la Plume, et de la deuxième partie la Table, et de la troisième partie le Trône, puis il divisa la quatrième partie en quatre parties, et Il créa de la première partie les Porteurs du Trône (les Archanges) et de la deuxième partie le Piédestal et de la troisième partie le restant des anges.
Puis, Il divisa la quatrième partie en quatre parties. Il créa de la première les cieux et de la deuxième les terres et de la troisième le Paradis et l’Enfer.
Puis, Il divisa la quatrième partie en quatre parties. Il créa de la première la lumière de la vue des croyants, et de la deuxième la lumière de leurs cœurs, qui est la connaissance de Dieu (exalté soit Il) et de la troisième la lumière de leur intimité (uns), qui est la science de l’unité (tawhid) : « Nulle divinité que Dieu, et Mohammed est Son Envoyé ».
Ibn ‘Ajiba rapporte par ailleurs que, d’après certains hadiths, « Lorsque Dieu voulut se révéler afin d’être connu, Il fit apparaître une poignée de Sa lumière et lui dit « Sois Mohammed » (Kuni Mohammada).
Ainsi, toute l’existence universelle provient de cette « Réalité Mohammadienne », intermédiaire entre Dieu le Très Haut et la manifestation universelle. En particulier, la lumière de la vue des croyants, celle de leur cœur, proviennent de cette même Réalité Mohammadienne, ainsi que l’affirme expressément cet autre hadith de l’Envoyé de Dieu : « Je proviens de la lumière de Dieu et les croyants proviennent de moi ».
Ces considérations permettent de mieux comprendre le verset du Coran « Dis : suivez moi si vous aimez Dieu » (3, 31), ainsi que « Ceux qui obéissent au Prophète obéissent à Dieu » (4, 80).
Il apparaît donc que Mohammed est à la fois notre totalité et notre centre intérieur : il est en même temps l’être le plus proche de Dieu, le médiateur indispensable pour parvenir au Seigneur Très Haut. A cet égard, le soufi Abou Said al Kharraz rapporte que l’Envoyé de Dieu lui a dit en rêve : « Celui qui aime Dieu doit m’avoir aimé ».
Certes, extérieurement, le Prophète est un être humain, et, en ce sens, il a pu dire : « Je suis un être humain comme vous » (Ana basharun mithlukum). Mais intérieurement, il est l’homme universel, la pleine réalisation de l’état humain, le prototype de tout ce qui a été créé, la norme de toute perfection, le miroir dans lequel Dieu contemple l’existence universelle.
Cette fonction de wassita (intermédiation) est d’autre part un des fondements de la pratique du tawajjuh (orientation), le Sheykh vivant étant le représentant du Prophète à un moment donné ainsi que le transmetteur de cette lumière mohammédienne.
C’est cet influx que le Pôle reçoit et diffuse vers la manifestation, vers la totalité de la création, ainsi que l’illustre par exemple ce passage de « la sagesse des maîtres soufis », dans lequel Ibn Ata Allah relate une expérience spirituelle vécue par le Sheykh Abou l Hasan as Shadili : « Le Sheykh déclara un jour que, lorsque l’influx divin (madad) descendait sur lui, il le voyait se propager jusqu’au poisson dans l’eau et l’oiseau dans le ciel. Le Sheykh Amin al Din Jibril lui dit alors : « Vous êtes le Pôle ! Vous êtes le Pôle ! « Je suis le serviteur de Dieu, je suis le serviteur de Dieu, répondit le Sheykh ».
La bénédiction divine sur le Prophète signifie la grâce et la miséricorde que le Très Haut a fait descendre sur Son Envoyé en lui conférant la grandeur et la supériorité sur tout ce qu’Il a créé. « Si tu n’avais pas été, Je n’aurais pas créé les cieux » (hadith Qudsi).
L’Envoyé de Dieu est à la fois la manifestation de la miséricorde et une miséricorde pour les mondes, ainsi qu’en atteste le Coran : « Nous ne t’avons envoyé qu’à titre de miséricorde pour les mondes » (21,107).
En tant que Réalité Muhammédienne, le Prophète est venu au commencement du cycle prophétique, et c’est à son aspect intérieur de Logos que se réfère le hadith : « Il était Prophète alors qu’Adam était encore entre l’eau et l’argile ».
La Tradition rapporte que le Prophète demanda un jour à Seydina Jibril : « de quelle source puises tu les versets du Coran que tu me transmets ? ». Seydina Jibril lui répondit après un moment : « Minka Ilayka », c’est-à-dire « De toi vers toi », « De toi » faisant référence à la Lumière Mohammédienne .
- Dieu et Ses anges prient sur le Prophète
La première partie du verset instituant la prière sur le Prophète relative à la bénédiction de Dieu et des anges, signifie que Dieu, qui est le Principe non manifesté, ainsi que Ses anges, qui sont la manifestation supra formelle, transmettent des grâces vitales au Prophète, qui symbolise la manifestation universelle, le Centre de celle-ci.
Selon le Sheykh Ahmed el Alawi, l’acte divin exprimé par la parole « salli » (bénis) signifie que le soi fini du Messager est continuellement rejoint et comblé, pour ainsi dire, par l’Infini.
Prier sur le Prophète, c’est pour le croyant invoquer les bénédictions de Dieu sur Mohammed, l’Envoyé d’Allah. Cette prière est d’un emploi général dans l’islam, puisque le Coran et la sunna la prescrivent, et que la Tradition y attache de nombreuses bénédictions.
L’Envoyé de Dieu nous invite lui-même à prier sur lui, en ces termes : « Priez Dieu de répandre Ses grâces sur moi ; invoquez Le pour qu’Il me les accorde, avec une foi ardente, et dites : « O mon Dieu, répands Tes bénédictions sur Muhammed et sur la famille de Muhammed ».
A l’inverse, on peut citer par exemple un autre hadith précisant qu’ « Il n’y a pas de grâces divines pour celui qui n’appelle point sur Son Prophète les bénédictions du ciel ». Autre hadith : « L’avare est celui qui entend parler de mon nom et ne prie pas sur moi ».
De l’avis de tous les savants musulmans, en particulier de l’imam Malik, appeler les bénédictions de Dieu sur le Prophète, ne serait ce qu’une fois dans sa vie, est une obligation divine pour tout musulman, en vertu de l’injonction contenue dans le Coran. Prier fréquemment sur le Prophète est une sunna recommandée (mu’akkada).